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Derrière la nuit
24 septembre 2015

L'orage, le beau temps

 

10H34

 

aa

 

 

La journée d'hier, et sa soirée, a été catastrophique. Une crise comme cela faisait bien longtemps que je n'en avais pas eue.

La journée et ses larmes sans discontinue. L'alcool à m'en rendre malade. Vomir, boire, vomir, pleurer. Les idées noires à cause de la douleur morale insoutenable. Se recroqueviller en boule dans l'ombre et pleurer d'avoir mal. Les soucis de couple en tête aussi, le sentiment toujours présent d'être sur mon petit siège éjectable, le sentiment de l'avoir perdu, être blessée, minuscule, invisible. Pas assez. Pas assez... pas aussi... pas comme elle. Le sentiment que c'est comme une tromperie ce qu'il fait. Je le vis comme ça. Je me sens saccagée. Je ne me sens plus en couple. Mais ça, c'est encore une autre histoire.

Il est rentré et je pleurais dans le recoin du canapé. Engueulade. Parce qu'il m'en veut quand je vais mal. Alors j'explose. Parce que je ne voulais qu'un câlin, un geste affectueux, être consolée. Je m'énerve aussi à cause de ce souci dans notre couple, ce détail qui me bouffe. C'est la goutte d'eau, ce détail qui soudain s'impose.

Bientôt, de toute façon, je serai plus là, je lâche. Répète ! Répète, hurle-t-il. Tu pourras me torturer, je répéterai pas, je réponds. Et je pars dans un délire pathologique sur le fait que j'ai plus de forces, que ça sera mieux et pour lui, et pour moi. Et je sombre à nouveau en larmes. "Ca sera que la deuxième fois", lance-t-il, ironique, vu qu'il a déjà connu cela, et je m'en veux. Je m'en veux parce que c'est pas humain que ça tombe sur lui deux fois, effectivement. Deux suicide de l'être aimé, ça vous rompt un homme. Pardon que ça tombe sur toi, je lâche. Tu mérites pas ça. Je délire. Il ôte une larme de son oeil. Je m'en veux. Il s'énerve. Là, tout de suite, je me sens si mal que je pourrais craquer davantage. J'aimerais enfoncer une lame dans ma cuisse, me cogner contre le mur, faire taire la douleur morale que je ne supporte plus.

Je me rassure dans ma tête en travaux. Demain je me léverai tôt, deux heures de route, j'irai au barrage, j'attendrai le soir, je sauterai. Je lui avoue : je ne tiendrai pas. Soudain, c'est évident, c'est la solution, soudain, c'est évident : demain je ne souffrirai plus jamais. Je ne suis qu'une boule de nerfs en vrac dans un coin, je continue de suffoquer en pleurant. Il appelle mon psy, qui est absent cette fin de semaine. L'autre est injoignable. Je sais au fond de moi que mon état nécessiterait une hospitalisation. Mais la douleur morale est telle que je préfère mon projet. Je mets des musiques et des photos sur les réseaux sociaux. Pour dire inconsciemment que c'est la fin. Ridicule. Je pleure parce que demain je serai morte, je pleure à cause du mal que ça va produire, j'angoisse, et angoisse encore, je suffoque, je n'arrive plus à respirer, je répète tel un robot des : je n'en peux plus, des : il faut que ça s'arrête, des : je deviens folle. Il m'en veut. Je lui en veux. Je souffre. On s'engueule. Je craque et raconte n'importe quoi sous l'effet du mal-être. Quand j'y repense, c'était l'enfer. L'horreur. Indescritpible. Je ne vois pas d'issue. Tout est fermé. Sombre. Définitif. On ne survivra pas à ma folie. On rompera tôt ou tard. Rien ne veut la peine. Je me sens trop mal pour tenir encore. Tenir jusqu'à mes RDV. Mes RDV où l'on ne me dirait rien de mieux. Mes RDV où l'on se débarasserait de moi en me disant faut vous hospitaliser. Facile. Tellement facile. Je crève de l'intérieur. On doit sentir la pourritue de ma douleur à des kilomètres à la ronde, j'en suis sûre. Je craque, je parle, je délire, je suis parano, je pars en vrille, et ces putains de larmes qui ne cessent pas, et cette souffrance que personne ne verra jamais.

Ce n'est qu'en fin de soirée qu'enfin, contre lui, je me calme doucement après avoir avalé quatre lexomil d'un coup, pauvre petite dose. Je m'endors dans ses bras. Cette journée vive de souffrance s'atténue grâce au sommeil.

Aujourd'hui, la douleur s'est allée. Je ne suis pas allée au barrage. Pas cette fois. Je veux vivre. Je sais qu'il y aura toujours malgré le traitement des crises. Dépressives ou maniaques. Je veux que ce trouble bipolaire me laisse vivre. J'ai eu si peur. J'ai toujours si peur. Combien de temps tiendrons-nous avec mes débordements ?

Je crois que j'avais besoin d'imploser. J'ai accumulé, et c'est l'effet cocotte-minute. J'ai explosé, d'un coup, après avoir traîné ma peine toute une journée, je ne pensais pas qu'on puisse pleurer comme ça, du matin au soir, et cette souffrance presque palpable au creux de soi... les bouffées d'idées noires qui deviennent des projets. Je veux vivre. Je vais rester calme aujourd'hui, ça va bien se passer. Je sais que lui aura besoin de temps pour s'en remettre. Je sais que je nous ai fendillé encore un peu plus. Tout comme je sais qu'il y aura toujours des crises de ce genre.

Mais je me battrai. Je le dois.

 

 

 

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